Il devait être onze heure quand le soleil me réveilla. Je m'asseyais dans mon lit, l'esprit encore embrumé par le sommeil. En jetant un oeil au lit voisin, je vis que ma camarade de chambre était debout. J'étais en train de réfléchir à mes activités du jour quand mon ventre se mit à gargouiller horriblement fort, me rappelant que j'avais sauté le dîner de la veille. J'enfilais quelques vêtements avant de me rendre au self.
Ma camarade de chambre était là, assise à une table avec vue sur le jardin. Nous étions pratiquement les seules à être arriver aussi tôt au pensionnat, les autres élèves n'arrivaient généralement que deux ou trois jours avant la rentrée. Eliza était donc seule, une tasse posée devant elle. Ses longs cheveux noirs brillaient sous le soleil qui filtrait par la fenêtre. Je lui avais toujours envié ces derniers : les miens étaient courts et colorés, me donnant des airs de gamine. J'avais un jour essayé de changer de teinte, mais le résultat avait été plus qu'horrible. Je lui adressais un signe de la main, encore à moitié dans la brume et me versais du lait dans une tasse. Je pris quelques tartines et parts de gâteaux à la volée avant de m'installer en face de mon amie.

- Bonjour ...

Mes yeux étaient rouges et des cernes marquaient mon visage. J'avais peut-être abusé de la console hier soir, mais les cours ne commençait que la semaine prochaine et je n'avais rien à faire jusqu'à la rentrée. La semaine passée, j'avais dû ranger mes cartons et me familiariser avec le campus. Lors de ma visite, j'avais trouvé tous les bâtiments et les magasins fermés. C'est en me renseignant auprès du concierge de l'internat que j'avais appris qu'ils n'ouvraient qu'à partir de la semaine suivante.
Mes yeux s'arrondirent et mon esprit se mit en marche à toute vitesse. Je me levais brusquement, toute excitée.

- Eliza! C'est aujourd'hui que les magasins ouvrent!

Les rayons matinaux du soleil traversaient la baie vitrée pour venir réchauffer le réfectoire vide. Une tasse de chocolat encore fumante devant elle, Eliza songeait aux activités qu'elle allait pratiquer pendant ces derniers jours de repos. Lasse, la reprise des cours lui tardait. Elle n'avait jamais vraiment apprécié les vacances. Le temps semblait terriblement long et la jeune fille, d'un naturel travailleur, n'aimait pas perdre ses heures à ne rien faire. "Bonjour..."

Sa camarade de chambre paraissait exténuée : Leia n'avait pas pris la peine de se coiffer, ses yeux se fermaient par intermittence et de larges cernes prouvaient que la nuit avait été courte. En la voyant arriver avec son plateau, la Meiga ne put réprimer un gloussement.
"Bonjour, Leia"

Elles mangèrent en silence. Ce calme entre elles n'avaient jamais été pesant, simplement parce qu'elles se connaissaient et savaient qu'il ne gênait ni l'une, ni l'autre. Il fut cependant de courte durée, car avant qu'Eliza ait pu prononcer une parole, la fille aux cheveux émeraude avait disparu en criant quelque chose d'incompréhensible. Fixant sa boisson chaude, la musicienne prit finalement une gorgée. Elle était habituée aux sautes d'humeur de sa confidente et il suffisait généralement d'attendre pour en connaitre la raison. En confirmation, Leia reparut quelques instants plus tard.

Déposant mon plateau précipitamment, Je m'étais dépêchée de prendre quelques vêtements, filer à la salle de bain et revenir au self. Véritable tornade, j'avais mis à peine quelques minutes pour me préparer : L'idée d'aller faire les magasins me plaisait! Cela faisait tellement longtemps!
Comme je le pensais, Eliza n'avait pas bougé de sa table. Elle savait que lorsque je disparaissais, je ne mettais jamais bien longtemps à revenir.

- Tu es encore là! Dépêche toi de terminer, que l'on puisse y aller!

Je trépignais d'impatience, et elle, elle continuait tranquillement de boire. Cela avait toujours été comme ça entre nous, moi je m'excitais et ne tenais plus en place et elle gardait toujours son calme. Cette situation se reproduisait si souvent que je ne pus m'empêcher de rire. La crise passée, je lui pris la main et la tirai vers la porte. Nous arrivâmes rapidement au centre-ville. Les grilles en fer des établissements avaient été remplacé par de jolies devantures et les terrasses des cafés, auparavant vides, étaient désormais recouverte de chaises et de tables.

J'étais déjà en train de courir au milieu de la rue, regardant autour de moi les différents magasins, tous plus attrayants les uns que les autres. J'avais attendu ce moment avec impatience et je n'arrivais pas à tenir en place. Tout le contraire d'Eliza qui restait quelques pas en arrière avec une expression indifférente sur le visage. Là aussi, rien ne changeait! Elle n'avait jamais prêté attention à ses vêtements, préférant le noir et le sobre à la mode et aux couleurs de la saison. Sa remarque ne m'étonnai même pas, elle me la faisait souvent à chaque fois que nous sortions. Je ris en tirant sur le bras de ma camarade.

- Quoi travailler? Tu n'as fait que ça ces derniers jours!

Je l’entraînai malgré elle dans une boutique et lui tendis une robe. Elle était bleue, assez simple : Une ceinture en tissu à la taille et des coutures sur les épaules apportaient une touche d'originalité au vêtement uni.

- Si je ne te conseille pas un peu, tu finiras en nonne!