Pour combler les trous d'entre les cours, j'avais pour habitude de m'adonner à toutes sortes d'activités variées permettant d'améliorer mon confort ici soit : ménage, lessive, révisions, ... Tout un tas de corvées plus ennuyeuses les unes que les autres en réalité. Aujourd'hui je me devais d'aller à la supérette. Mon sac en bandoulière qui a pour règle de toujours tout contenir en cas de besoin, commençait à être de moins en moins remplis. Sur un bout de papier déchiré d'un cahier ( lequel ? je ne sais plus mais il me semble que c'est celui des maths ... Soit ! ), je griffonne à la va-vite les quelques éléments dont j'ai besoin.

- Alors, de l'eau, des pansements, du jus de pomme ...

Je m’arrête et marque à coté de ce dernier élément une petite astérisque pour signifier que celui ci était important. Il faudra vraiment que je soigne cette drôle d’addiction un jour. Je continue ma liste en y rajoutant de la nourriture, du shampoing et autre stylos qui venaient à manquer. D'ailleurs celui avec lequel j'écrivais venait de rendre l’âme. Je le jette dans un soupir. Enfin, je fourre le bout de papier dans mon sac puis je saisis ma petite bourse contenant mes économies. Faisaient-ils payer les élèves ? Je verrais bien sur place.
Ni une, ni deux, je m'aventure à l'extérieur de l'académie. L'air frais me fait du bien. Il serait bientôt midi, je me devais de faire le plus vite possible. J'emprunte rapidement quelques ruelles qui, je savais, me permettaient de gagner beaucoup de temps par rapport aux grandes routes. Quand j'arrive devant la supérette, je souris et resserre un peu mon foulard.

- Bonjour. saluais-je en entrant dans le magasin.

Le gérant ne m'octroya même pas un regard. Qu'importe, je savais ce que j'étais venue chercher ici et je n'avais pas une minute à perdre. Aujourd'hui, le réfectoire nous proposait exceptionnellement une multitude de plats à base de crevette : crevettes au citron, crevettes grillées, beignets de crevettes, ... Je ne pouvais rater ça !

Il était midi, et Asalia avait fait un détour au réfectoire. La Pari avait rapidement prit un sandwich au thon et était partie à la supérette en sautillant. Heureusement qu'elle avait trouvé du thon dans le menu spécial crevette de ce jour là. Car pour elle "trop de crevette, tue les crevettes". Ses parents lui avaient donné une somme pas mal pour manger, ils savaient bien qu’elle mangeait comme quatre. Elle portait manteau long blanc, un top rouge et une cravate blanche également. Et portait également un pantalon bordeaux avec des sangles.

Elle passa tranquillement dans les petites routes pour aller plus vite. Elle allait régulièrement à la supérette pour prendre à manger. Elle arriva en un rien de temps devant le bâtiment. Elle entra en souriant, sa tartine à moitié mangée dans une main et salua d’un « bonjour » bien fort au caissier. Celui-ci lui sourit. Elle était devenue une cliente reconnue maintenant. Ni une, ni deux, elle prit tous ce qu’il lui fit envie dans les mains sans même regarder les prix, elle en enlevait toujours quand ça dépassait son budget habituel. Mais bientôt, elle avait une montagne de nourriture dans la main, et la tartine dans la bouche. Mais elle voulait encore des choses, la nourriture, elle adorait ça !

Elle était arrivée à trouver des chips aux crevettes, mais elle avait beau essayé de les attraper, elle n’y arrivait pas. C’était frustrant, elle voulait ça ! Bien sûr, elle ne pouvait pas tous lâcher par terre. Elle essayait de le prendre avec ses doigts sans tout faire tomber. Elle comptait bie faire des provisions pour plusieurs jours. Même si elle avait déjà prit de quoi grignoter pour quatre jours, elle voulait ses chips !

Je marchais rapidement entre les rayons, cela aurait pu ressembler à une danse. Un panier de plastique rouge en main, j'y glissais tous les produits dont j'avais besoin. De temps en temps, je regardais nerveusement ma montre. Si je ratais ce super repas au réfectoire je ne me le pardonnerai jamais et ce, pour deux raisons : d'abord je suis une grande économe et ce repas je l'avais payé, qu'il soit mangé ou pas je ne serais pas remboursée. Ensuite il s'agit de crevette tout de même ! Ce serait un sacrilège de laisser de coté un tel met. Bon il me faut me concentrer sur ma liste. Les mots sont barrés à tour de rôle et les marchandises auxquels ils réfèrent finisse dans mon panier.

Il ne me restait à présent que le jus de pomme et des crackers ( idéal pour mes soirs d'insomnie ou les cours à tendance soporifique ). Je décide de commencer par les biscuits salés, il était juste dans le rayon d'à coté. Toujours à pas pressés, je me dirige vers l'aliment convoité. C'est alors que ma route croise celle d'une jeune fille peu commune. La première chose qui m'a frappé à été ses yeux, d'un bleu turquoise profond. Puis sa longue chevelure de même couleur. Je suis restée subjuguée par cette teinte pour le moins originale. Réalisant enfin que je devais avoir l'air stupide à rester devant elle avec une posture rigide et un air inexpressif, je secoue légèrement la tête, gênée. Je remarque alors que la jeune fille était plus qu'encombrée et éprouvait une certaine difficulté à attraper un paquet de chips ... aux crevettes. J'eus un petit rire en remarquant ce détail. Je m'approche alors et saisie la petite poche d'aluminium. Avec un grand sourire, je la tends à la jeune fille.

- Hé ben, vous avez dévalisé le magasin. dis-je légèrement moqueuse.

Je remarque les crackers juste à coté de nous. J'en pose quatre paquets dans mon panier puis je reviens auprès de la jeune fille. La voir avec toutes ces denrées me fait un peu de peine. Un petit coup d'oeil furtif à ma montre, il me restait vingt minutes si je comptais le temps de trajets, j'avais le temps. C'est alors que mon côté altruiste se mit à me hurler de l'aider, ce que je proposais dans la seconde.

- Vous voulez de l'aide pour transporter vos achats ?

Elle n’avait toujours réussi à attraper ses fichus chips. Ca l’énervait de plus en plus. Mais elle ne faiblissait pas et était concentrée sur sa tache. Si bien qu’elle ne vit pas l’autre jeune fille dans le magasin qui lui fit remarquer d’une manière assez moqueuse sur la quantité de nourriture elle avait dans ses mains. Elle l’avait ignorée, c’était méchant de sa part. Pour Asalia, chacun mangeait ce qu’il voulait, pourquoi les autres devraient contrôler ce qu’elle mangeait ? De plus, elle ne prenait pas de poids, même en mangeant deux fois plus qu’une personne normale. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle engouffrait autant de nourriture. Ryan ne lui avait rien dit lui… Elle fronça les sourcils en mettant plus de détermination dans son objectif.

Asalia n’avait pas l’habitude de dire des gros mots, mais là, elle l’aurait certainement fait. Sauf que la même fille, dont elle n’avait toujours qu’entendu la voix, prit son paquet. Au début, elle pensait qu’elle voulait la narguer pour se moquer d’elle. Elle s’était un peu tordue pour pouvoir l’apercevoir, une fille à première vue assez banale. Yeux bruns, cheveux bruns, oui, elle était assez normale. Asalia n’avait pas encore sourit, après tout, cette fille lui volait sa nourriture. Mais non en fait, elle lui tendit. Naturellement, mais elle avait un peu les mains prises en ce moment-là… Heureusement elle lui proposa de porter ses affaires, ce qui la fit remonter immédiatement dans l’estime de la Pari. Elle lui sourit et hocha la tête.

-Bien sûr ! Je suis Asalia Fareel, merci de m’aider !