Début d’après midi. La journée s’est annoncé chaude dès le matin. Je porte une simple tenue, robe blanche légère qui se marie à merveille avec mes longs cheveux blancs. Dans ma main, des partitions de musiques, rangées soigneusement dans un livret. Livret que je possède depuis mon plus jeune âge. Toutes les partitions qui ont pu faire mon succès sur la scène, en tant que jeune prodige. Mais est-ce que sa a réellement atteint le but prévu, tout ces efforts pour être une prodige de la musique ? Non. Mon père ne m’a jamais porté attention, de toute façon.

Je jette un coup d’œil au ciel. Il est d’un bleu affreusement bleu, sans aucun nuage à l’horizon. Le soleil tape violemment. Mais je n’ai pas à m’en inquiété, de toute façon, ma pâleur ne disparaitra jamais. C’est toujours ainsi, ma peau ne réagit pas au soleil. Elle ne bronze pas. Et j’ai toujours ce teint de nacre...Je suis une fille étrange, réellement.

Mon regard se pose sur un terrain, là, devant moi. Des jeunes jouent. Ils sont de l’internat, comme moi. Je ressens ce mal être, qui me gagne chaque fois qu’un stryge se trouve à proximité. Mais je l’ignore. Je m’approche du grillage, qui sépare la route du domaine sportif. Ma main se pose sur le fer. Mes doigts se glissent parmi les nombreux trous. Et je regarde, durant plusieurs instants, toutes ces personnes qui jouent à ce jeu qui m’est inconnu. Mes pensées s’égarent un instant. Je comprends à quel point le domaine sportif m’est inconnus. Je serais capable de parler des plus grands compositeurs pendant des heures, mais je suis incapable de cité un sport si ce n’est la danse, que j’ai pratiqué durant deux ans. Soudain, quelque chose me tire de mes pensées. Je me sens oppressée. Mes doigts se serrent sur le grillage. Je tente de me concentrer sur le jeu qui se déroule devant moi, malgré que je sente une présence juste derrière moi...

Des paroles. Je devine qu’il s’agit d’un homme, au timbre de voix. Mon malaise s’accentue. Un stryge ? Probable. Je serre une dernière fois le grillage, puis laisse retomber ma main à mes cotés, avant de me tourner vers l’inconnu. Je le détaille un instant, et mes yeux s’accrochent un instants aux siens. Ils sont gris, un gris métallisé. Il porte un cache œil. Etrange. Plutôt grand, cheveux rouges. A peine plus vieux que moi. Deux ans de plus, au grand maximum. Sa description a pris quelques instants, rien de très long. Je ne tiens pas à le fixer ainsi longtemps. Je le ferais peut être, mais quand il ne le verra pas. Et puis, il m’a posé une question, et il me tend une feuille de partition, que j’ai dû laisser tomber. Je souffle un « merci » en la récupérant. Je survole le titre des yeux. ‘La solitude’ d’Amélie Couvreur. Musique peu connue, mais tout à fait superbe. La mélodie surgit dans ma tête, en même temps que les paroles.

« Ici, j’ai fait des rêves, qu’on oublie pas.
Où les étoiles, m’ont parlés tout bas
De quelqu’un qui a ton sourire. »

Je les balaye de mon esprit en un clin d’œil. Puis reporte mon attention sur le jeune homme, en face de moi. Et je me décide enfin à lui répondre, d’une voix calme et posée, presque apaisante, mais pourtant glacée :

« Il s’agit d’une langue universelle...Et il suffit de s’y pencher un peu pour découvrir tout ce qu’elle recèle. Elle transporte beaucoup plus d’émotions que les paroles que nous pouvons prononcer »

Pourquoi suis-je si froide ? Je ne sais pas. Je n’ai jamais était très chaleureuse avec les gens. Je n’ai jamais pus me faire à l’idée que le genre humain est fait pour vivre en société. Je ne suis pas misanthrope, mais je ne me mêle pas aux autres, par choix, pour éviter d’être blessée, aussi bien physiquement que psychologiquement. Et puis, j’aime la solitude, également, j’aime me noyer dans mes pensées sans que quelqu’un ne vienne m’interrompre...

Il s’excuse. Il ne connaît pas cette histoire de pouvoir transporter les émotions. Dans mon esprit, un sifflement agacé. J’ai toujours eu la sale habitude à mépriser les gens qui ne s’y connaissent pas du tout en musique. Même si j’essais de lutter contre, je n’y peux rien, sa fait parti de moi-même. Mais aussi, combien de nuits blanches et de journées ais-je passées a apprendre la langue musicale, a apprendre la moindre de ses virgules et de ses accents pour pouvoir la maitriser à la perfection ? Alors quelqu’un qui n’y connaît absolument rien... Cela me hérisse le poil. De dégoût ? Peut être.

Je me rends alors compte qu’il s’est présenté. Lavi White. Un nom simple, qui pourrait attirer la sympathie. Mais non. Je ne tomberais pas dans ce genre de piège grotesque. Je n’ai pas entendu sa dernière phrase, même si j’en ai compris le sens général grâce à l’indication de temps. 1 semaine ? Je ne suis donc pas la seule nouvelle ici. Mais moi, je suis arrivée plus récemment. 3 jours en tout.

« Je m’appelle Al... Abyss. Je suis arrivée plus récemment que toi ici. »

Pourquoi ne pas dire mon nom ? Je n’ai pas envie qu’il, qu’ils, le sachent. Il m’a déjà attiré bien trop de malheur, tout comme de bonheur. Je veux simplement tout recommencer, être quelqu’un d’autre ici. Inconnue, je veux me frayer mon chemin dans cette forêt d’obscurité par mes propres moyens et non par ce que j’ai fait dans mon passé. Et puis, dans ma différence, je ressemble aux autres, je peux ainsi ne pas attirer l’attention.

« Tu es stryge, n’est ce pas ? »

Toujours une voix aussi glaciale.

Il devine ma spécificité. Je n’acquiesce pas. C’est une question de rhétorique. Il n’a pas besoin de mon approbation. Je reste silencieuse. Il semble réfléchir. Je ne parle pas. Et finalement il parle du piano, dans le gymnase. Je détourne la tête, vivement, le feu aux joues. Je ne pensais pas qu’on pouvait m’entendre. J’avais choisi le gymnase pour sa tranquillité, le fait qu’il soit à l’écart... Au lieu de la salle de musique, planté au milieu du lycée. Raaa. Mais pourquoi suis-je si gênée ? J’attends quelques instants que les rougeurs sur mes joues s’atténuent. Mais je sens que sa ne passe pas. Alors, d’une voix moins glaciale, plus fragile que celle d’il y a quelques instants, je réponds :

« Oui... Je pensais être seule... Je pensais que personne ne m’entendrais... »


Je lutte contre moi-même pour tourner à nouveau la tête vers lui, croiser son regard grisé. Un véritable combat intérieur. Et je remarque, durant un instant, à quel point la couleur de ses yeux me rappellent celle du ciel, un jour nuageux mais lumineux. Un gris léger, agréable. Je ne saurais mieux le définir. Ses cheveux contrastent énormément. D’un roux feu, on dirait presque des flammes qui dansent. Mais pourquoi est-ce que je remarque des choses ainsi ? C’est idiot. Je reprends de l’assurance et continue :

« Si je dérange, dans le gymnase, dis le moi. Je me trouverais un autre endroit. »