Mes bagages défaits après plusieurs heures de calvaire, je pouvais enfin me promener un peu. J'allais du dortoir à la ville pour me régaler dans un salon de thé, car après tout : après l'effort, le réconfort! Sous mon bras, un netbook dernière génération qui me permettrait de me divertir en mangeant des sucreries. Après plusieurs ruelles, une ou deux impasses et quelques maisons, je découvrais le centre ville. Des magasins à perte de vue, des terrasses de café, l'exposition des marchandises... Ah! Et à ma droite, un petit salon discret avec baie vitrée donnant sur le cœur de toutes ces enseignes. J'entrai et me posai sur la table collée à la vitre, m'excusant auprès d'une jeune fille en passant derrière elle.
L'odeur qui planait, emplie de sucre était tout bonnement enivrante... Les gâteaux et autres friandises sucrées étaient pour moi un palliatif, une drogue qui était capable de me faire oublier le gout du sang. Je pris commande auprès de l'employé : une douzaine de biscuits, une part de tarte, un chocolat chaud et un flan à la vanille. En attendant toutes ces bonnes choses, j'ouvris mon ordinateur et me connectai au réseau du café.

Je m'était installée à une table près de la fenêtre. Tournant de la main gauche la chantilly de mon chocolat frappé, j'écrivais de la main droite, revivant auprès d'Ange sa rencontre avec Altaïr. Elle me décrivai le bus à mi-voix, les yeux si bleus de son compagnon... Et moi, je retranscrivais tout ça. Petite Fille était en face de moi et Ange à mes côtés. Les autres n'étaient pas là. Pour l'instant. Souvent, la plupart s'éclipsaient quand l'un d'entre eux racontait ses souvenirs.

Un garçon passa derrière moi et s'excusa. Et oui, le seul inconvénient c'était que "près des fenêtres" était souvent synonyme de près de la porte". Je me retournais à peine pour lui assurer que ce n'était pas grave avant de retourner à mon cahier. Enfin... En essayant de me reconcentrer sur mes écrits. Car le jeune homme qui venait d'entrer, sûrement à peine plus agé que moi, était vraiment beau. Sublime à vrai dire. Des cheveux blonds, des yeux clairs à ce que je pouvais distinguer... Beau. Ange me tira de mes pensées en douceur. Je devais me concentrer.

L'odeur du café qui flottait dans l'établissement m'aidait à réfléchir et les gamineries de Petite Fille me faisaient rire. J'était bien. Mon chocolat frappé terminé, je commandais une nouvelle dose de sucre, à la vanille cette fois. Creusant la chantilly à l'aide de la paille/cuillère en plastique, je relisais attentivement la scène du bus. Sans m'en empêcher, je remarquais que le garçon avait commandé une montagne de choses sucrées. Il avait allumé son ordinateur. Je l'observais à la dérobée, alors qu'il était en face de moi mais à une table différente.

- Puis-je savoir ce qui vous fait tant rire, mademoiselle?

L'amusement dans la voix du garçon me fit sourire un instant. Puis, je me rembrunis et cherchai une excuse convenable, mon esprit tournant à toute vitesse. Bien évidemment, je ne pouvais pas lui dire "Oui, voyez-vous, il y a une petite fille dont j'ignore le nom qui me permet d'avoir un lien avec des personnes d'une autre dimension qui est en train de faire des grimaces, juste là. Bien sûr, je suis la seule à pouvoir la voir donc il faut me croire sur parole.". Non, je ne pouvais décemment pas lui dire ça. Je réfléchissais en instant et lui répondais sincèrement, pour cacher au mieux mon mensonge :

- Oh rien, juste mon imagination qui travaille.

Je souris à nouveau, réajustant mes lunettes. J'avais à peine remarqué qu'il était appuyé sur ses coudes. Petite Fille arrêta de jouer et se plaça derrière lui. Le garçon était un peu trop curieux à son goût. Je ne pouvais empêcher mes yeux de passer du regard clair de la fillette, encadré de mèches noires, un signe évident de mauvaise humeur, au visage parfait de l'inconnu. Voulant faire plus ample connaissance, je lui demandais en lui tendant la main:

- Au fait, je suis Neïla. Et vous?

- Sora Kawajima, enchanté.

Il se pencha vers moi pour me faire la bise. Horriblement gênée, je rougis jusqu'aux oreilles. Je refermais mon cahier, désirant juste discuter normalement. Mais plus j'essayais d'effacer Petite Fille, plus elle était présente. En l'espace de quelques minutes, ils réapparurent. Et pas seulement ceux que je cotoyais habituellement... Ils étaient tous là. Louve se pencha pour me glisser à l'oreille:

- Tu n'as pas le droit, ta tâche n'est pas achevée...

Je ne voulais plus les entendre scander cette phrase! Ma tâche... Quelle connerie, merde! La panique commença à m'envahir, je devais paraître complètement folle. Mes yeux sautaient d'un personnage à l'autre, remarquant avec horreur que les moins sympathiques s'étaient eux aussi mêlés aux autres: les "Sauveurs" sous leurs capuches noires, le Monstre des bois, la colonne vertébrale arquée, tirant la peau grise à l'extrème, la reine de Monde et ses flèches empoisonnées... Je ne pouvais pas, je ne pouvais plus, les supporter.

Me relevant, ne sachant même pas si Sora avait dit quelque chose, je m'excusais précipitamment:

- Pardon, je ne peux pas rester plus longtemps, je... Je dois rentrer à Wish.

Je laissais sur la table de quoi payer mes consommations, abandonnant sur place mon frappé vanille encore rempli au quart. Mon cahier disparut dans ma sacoche, bientôt rejoint par la gomme et le crayon. Puis je ratrappais mon manteau, saluait en tremblant le jeune homme et m'échappai du petit bar. Une fois dehors, je me rendis compte que j'avais oublié mon parapluie à l'intérieur.

Il pleuvait. S'approchant en cercle serré autour de moi, les personnages répétèrent encore et encore:

- Aide-nous... Fais que la vérité éclate... Aide-nous...

Je pressais mes mains sur mes oreilles en espérant faire taire leurs suppliques. Mais les plaintes résonnaient maintenant à l'intérieur de mon esprit. Je me laissais glisser le long du mur, déjà trempée. Assise sur le sol, j'essayais de reprendre mon souffle, envahie par les souvenirs et les émotions de dizaines de personnes à la fois. Le ciel déversait sur moi toute la tristesse du monde. Je ne voulais plus entendre, je ne voulais plus savoir... Je n'avais jamais voulu.

|voilà voilà, j'espère que ça ira ^^' |

Alors que je lui souriais, ma nouvelle connaissance sembla paniquer. Elle laissa précipitamment de l'argent sur sa table, ramassa ses affaires et s'excusa en s'éloignant. Que lui arrivait-elle? Si ça se trouve, c'est moi qu'elle fuyait! Je soupirais en repensant à la bise que je lui avais faite. Trop direct peut-être? Ce geste était normal pour moi et je le faisais sans même y penser. Baissant les yeux, je découvrais un parapluie au pied de la chaise. Je me baissais pour ramasser l'objet. Espérant que la jeune fille ne soit pas partie bien loin, je laissai toutes mes affaires en plan et partis à sa recherche. Je n'eus pas à chercher très longtemps. A quelques mètres de la porte, je la trouvais assise à même le sol. Elle était déjà trempée et elle avait l'air de souffrir.
Devais-je la laisser tranquille? Des gens avaient parfois besoin d'être seul dans ces moments là... Tant pis! Je m'approchais après avoir ouvert le parapluie. Arrivé près d'elle, je m'accroupis en faisant en sorte de nous abriter tous les deux.

- Un problème? Si je peux t'aider, surtout dis le moi.

- Un problème? Si je peux t'aider, surtout dis-le moi.

Je levais la tête vers Sora. Mon parapluie nous abritait tous deux. Un soupir m'échappa. Je ne voulais pas l'impliquer... "Ils" étaient toujours là. "Ils" me suppliaient toujours. Mais une fois abritée, je me sentais en sécurité. Comme si Sora, par sa seule présence, "les" tenait à distance, "les" éloignait. Pouvant enfin entendre mes pensées, je tentais de lui donner une réponse convaincante:

- Tout... Tout va bien. Merci pour le parapluie.

Je récupérais mon bien et me relevais, nous abritant toujours. Je tentais de ne pas le quitter des yeux, de ne voir que le réel. Mais les voix et les suppliques me poursuivaient. Résignée, je décidais de rentrer à l'internat et d'écrire une bonne partie de la soirée, et peut-être de la nuit, pour ne pas faire de cauchemars. Petite Fille me regardait, entourée par Louve, Thomas, Neige, Noah, Altaïr, Ange, Alice, Nils, Luna, Soleï... Fermant les yeux juste un instant, j'espérais presque les voir disparaître. Je me tournais vers Sora, pour le saluer plus calmement.

- Je... Je vais rentrer. J'étais ravie de faire ta connaissance.

Je m'éloignait en le laissant sur place. Mais, alors que j'avais déjà fait quelques pas, je me retournais pour lui demander:

- Tu ne vois personne autour de moi n'est-ce pas?

Mes yeux interrogateurs désiraient une réponse telle que "Si, bien sûr, je les vois tous! Qui sont-ils?". Mais les chances qu'il me réponde ainsi était plus que minces... Je n'avais plus qu'à prier pour qu'il ne me prenne pas pour une folle.

Suivant son mouvement alors que la jeune fille se relevait, je voyais qu'elle n'allait pas mieux. Sa réponse était vague et elle avait été prononcé d'un ton monocorde, les signes que ma locutrice elle même ne croyait pas à ses paroles. Je ne fis cependant aucun commentaire, il aurait été indiscret de demander des explications. Si elle ne voulait pas me dire la cause de sa souffrance, libre à elle. Je suis bien placé pour savoir que chacun conserve des secrets qu'il préférerait ne pas avoir à révéler.
Debout à l'abri sous le parapluie, la jeune fille me regardait. Je lisais dans ses yeux qu'elle était un peu perdue, ou du moins que ses pensées étaient autre part.
Neïla m'annonça qu'elle allait s'en aller. Oui, c'était peut-être la meilleure chose à faire si elle ne se sentait pas bien. Alors que j'allais la rattraper et lui parler, elle se retourna et me posa une question. Si je voyais des gens autour d'elle? Curieuse question pour quelqu'un qui était seul sous la pluie. Certes, je ressentais peut-être un vague sentiment qui m'était étranger, mais je devais être un peu fatigué.
J'allais répondre par la négative mais son regard me fixait et je vis l'espoir au fond de ses yeux. Mon intuition me souffla de ne pas lui dire la vérité. Je décidais de bluffer. Usant d'un peu du charme propre à mon espèce, je mentis de manière convaincante.

- Mais bien sur que si, pourquoi cette question?

Ma voix était assurée et mon ton complètement naturel.

Surprise, je clignais des yeux. Personne, personne, avant lui ne les avait vu! Peut-être mentait-il? Non. Un regard son visage avait suffi à me rassurer. Hésitant sur l'attitude à prendre, je décidais finalement de prendre congé. M'inclinant légèrement, je lui lançai:

- Merci beaucoup. Si tu le peux, j'aimerais beaucoup que l'on se revoit. J'étudie à Wish donc si tu peux y passer... (Tournant une mèche de cheveux entre mes doigts, je commençai à m'embrouiller). Enfin, si tu en as envie et le temps bien sûr! Au revoir!

Je lui adressait un signe de la main et me détournais. Mes joues étaient brûlantes, je devais ressembler à une écrevisse. Mon sac battant ma cuisse, je m'éloignai à grandes enjambées. Quelqu'un pouvait les voir... Je n'étais donc pas folle!

C'est soulagée que je rentrais à l'internat. J'avais l'impression d'avoir un allié, une personne qui me comprenait. J'avais maintenant assez de courage pour affronter les autres. Car maintenant, il y aurait toujours Sora pour m'aider.

|Ce Rp est minable TT Si ça ne va pas, dis le parce que j'en suis pas très satisfaite TT Même si tu avais une autre idée, dis le et je modifie ! |

Apparemment, mon bluff avait fonctionné. Je ne savais pas ce qui m'avait pris. Et en voyant l'expression rassurée de ma connaissance, je sus qu'il m'était désormais impossible de faire marche arrière. Mais avais-je vraiment menti? Cette étrange sensation ... Non, décidément, ça devait être mon imagination.

- Merci beaucoup. Si tu le peux, j'aimerais beaucoup que l'on se revoit. J'étudie à Wish donc si tu peux y passer... Enfin, si tu en as envie et le temps bien sûr! Au revoir!

J'eus à peine le temps de lui rendre son salut avant qu'elle ne s'éloigne d'un pas rapide. Moi aussi, j'étudiais à Wish, je n'avais donc pas à y "passer". J'étais obligé d'y aller. Peut-être m'avait-elle pris pour un étudiant, plus âgé que je ne le suis? Je souriais. Oui, nous allions surement nous revoir! Une pensée cependant assombrit cette perspective. Avais-je pris la bonne décision en lui mentant? Je ne le saurais que la prochaine fois que je la verrais.

*Je ne trouve pas qu'il le soit? Si tu veux, on continue ce rp dans l'enceinte de l'école? J'attends ta réponse par mp ;)
Oh, et je m'excuse aussi pour cette longue absence! Vraiment désolé ...